AOÛT 2023 (Cycle Du marais à l’acier…et après ?)

Virginie ROCHETTI

Résidence du 31 août au 10 septembre

Nourrir, nettoyer, habiter

Je m’intéresse depuis longtemps aux endroits portants, par leur géographie particulière, les stigmates du déséquilibre que nous avons instauré dans les écosystèmes. Dans ces lieux où se confrontent souvent des milieux naturels spectaculaires, des industries phénoménales, et la vie humaine dans toutes ses dimensions, je cherche les prémices et les signes de reconstruction d’une relation apaisée des humains avec leur habitat.
L’étang de Berre, la Crau (seule steppe d’Europe occidentale), les paysages de mon enfance, sont au cœur de mes préoccupations en tant qu’artiste attachée à rendre visibles et sensibles ces problématiques.
Je souhaite initier un travail de recensement des petites plantes présentes dans les interstices de la cité, entre les bords de l’étang et les bords des routes, créer un herbier d’échantillons et de dessins, géolocalisés, comme stations d’un cheminement possible sur les traces du sauvage du cœur même de la ville et jusque dans la Crau, passant de l’humide au sec, de l’urbain au campagnard, de l’étang aux canaux.

Virginie ROCHETTI est diplômée de l’ENSAD de Paris, et formée dans l’atelier de Richard Peduzzi pendant 4 ans, j’ai, en tant que scénographe toujours mélangé les techniques au sein de créations de groupes pour parler du monde, de nos relations les uns avec les autres, avec les autres vivants. De la vidéo à l’installation scénique, j’ai travaillé pendant 15 ans avec Jacques Rebotier dans la compagnie voQue à créer des spectacles/liens, des mélanges improbables entre musique, poésie, cirque, danse, participation du public, visites bizarres et lieux étonnants (catacombes de Paris, dessous du pont Louis Philippe, petite ceinture, Flèche d’Or, la Ferme du bonheur de Nanterre, mais aussi au Théâtre National de Strasbourg, au Théâtre des Amandiers de Nanterre, au Théâtre National de Chaillot, à l’IRCAM, au Centre Pompidou de Paris, à la Friche de la Belle de Mai, au TGP de Saint Denis, à la Chartreuse de Villeneuve les Avignons etc…) Ce travail de spectacle/visites s’accompagnait toujours de rencontres, d’ateliers, de partage avec les différents publics. […] Du mapping/VJing vidéo à la broderie numérique et aux installations plastiques, mes pratiques sont aussi diverses que mes curiosités et que le monde multiple qui m’entoure. Les thèmes climatiques et les nouveaux paradigmes du vivant liés à une forte conscience des enjeux sociaux tels que pensés entre autres par Donna Haraway, Bernard Stiegler ou Vinciane Desprets sont au centre des mes projets.

AOÛT 2023 (Cycle Homelab)


Émilie ALLAIS

Résidence 19 août au 17 septembre

Disparition(s)

Le fantasme de disparaître serait très fréquent, le passage à l’acte s’expliquerait selon certains psychanalystes par la chute de l’idéal du moi, d’autres pensent que ce serait lié à la difficulté à établir la bonne distance avec les autres. Par ailleurs, la loi est formelle : tout majeur est libre d’aller et venir à sa guise, et, s’il le souhaite, de rompre radicalement avec ses proches. On l’appelle le droit à l’oubli. Chaque année, en France, des milliers de personnes disparaissent volontairement pour renaître sous une autre identité. Au Japon, ce phénomène massif concerne jusqu’à cent mille personnes par an. On les appelle les évaporés. Des entreprises se sont même développées pour organiser, en toute conscience, cette escapade très souvent nocturne qui porte le nom de ‘Yonige. How to Disappear Completely and Never Be Found’, son versant américain, fait référence au titre d’un guide écrit par Doug Richmond, en1985, qui recèle de nombreux conseils pour planifier sa propre disparition. On dit des anciens disparus qu’un jour ils ont éprouvé le besoin irrépressible de partir, un acte ni réfléchi ni prémédité, qu’ils agissent sous le coup de la pulsion, qui annihile la réflexion. Soudain, ils ne vivent plus que dans l’instant présent, ce qui rend le passage à l’acte possible. Ils n’ont alors que cette solution : s’échapper.

©Émilie ALLAIS 2023

« Emilie Allais fabrique des images dont l’aura semble provenir de ce temps-là, d’une sorte d’antériorité définitive. Ses séquences photographiques, dont le substrat documentaire est issu du jeu des enfants entre eux, capturent cette part de fiction qui hante le moindre geste enfantin pris dans le faisceau du jeu. Elle creuse le sillon du conte, non comme narration mais comme point de vue. Elle regarde avec les yeux du conte. » Boris Nicot, octobre 2019

Octobre 2022 (Cycle Du marais à l’acier…et après ?)


Jeff SILVA

Liaisons lagunaires

Ce court film sensoriel réalisé sur le littoral de l’Étang de Berre lors d’une résidence au Tétrodon de Martigues s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche post-doctorale en anthropologie audio-visuelle intitulé : « ECOS : Observation sensible des paysages pollués ». ECOS est un projet de la Fabrique des écritures ethnographiques (CNRS / CNE) et vise à étudier les interactions sociales et les pressions entre les humains et les autres mondes vivants dans un environnement pollué et affecté par le changement climatique. L’invitation de l’Association par ce passage, infranchi à faire une résidence artistique/travail de terrain au Tétrodon au bord de l’Étang de Berre a été ma première rencontre avec le territoire. Au cours de 3 résidences d’une semaine, j’ai eu l’occasion d’enregistrer des sons et des images du paysage en perpétuelle transformation de l’Étang ainsi que de ses usages par les humains et les non-humains. Liaisons lagunaires représente une forme de carnet de notes qui donne une trace de cette expérience.

Le travail de terrain, les tournages, les enregistrements, les interviews, les photographies et le montage se poursuit et intègre de nombreux autres aspects et rencontres avec le territoire et ses habitants. Au cours des deux prochaines années, le projet de recherche ECOS explorera une approche multimodale des perceptions des populations affectées par ces contextes de perturbations environnementales visibles ou invisibles.

Une vidéo de 2mn, de Jeff SILVA 2023

Jeff Silva est un réalisateur, photographe et ethnographe américain, originaire de Boston, Associé de longue date au laboratoire d’ethnographie sensorielle de l’université de Harvard, Le travail de Jeff se concentre souvent sur les thèmes du déplacement et de la fragilité, en s’attachant à documenter de manière humaniste les populations, les individus, les systèmes et les écologies à risque. Il a focalisé ses recherches ethnographiques et artistiques sur les Balkans (1999-2015) et plus récemment sur le Sud de la France grâce à des résidences à la Fondation Camargo (2016 et 2020) et à l’IMéRA (2018). De nombreux projets, dont Là où la terre (2018), Linefork (2016), Ivan & Ivana (2011) et Balkan Rhapsodies (2008) ont été exposés dans des festivals et des musées à l’échelle internationale : Visions du Réel, Doclisboa, Quinzaine des documentaires au MoMA, La Viennale et BAFICI.

Différents liens sur le travail actuel de Jeff SILVA :

Et aussi :

PROJECT ECOS

LA FÉE (LA FABRIQUE DES ÉCRITURES ETHNOGRAPHIQUES)

Octobre 2022 (Cycle Homelab)


En partenariat avec La Marelle

Nina ALMBERG

Le bateau de la liberté

Nina Almberg est autrice et réalisatrice de documentaires pour la radio, en particulier pour Arte Radio, la RTS et France Culture. Elle a également écrit une série de fictions pour Arte Radio, Per comme personne (2019)
ainsi que deux récits publiés aux éditions Hors d’atteinte : La Dernière Amazone (2021) et Pour Suzanne (2023). En avril 2023 paraîtra une bande dessinée retraçant la vie de Mario Marret, en attendant, dans les prochaines années, un livre sur ce fameux bateau de la liberté. Elle anime également des ateliers d’initiation au son et à la radio auprès de publics jeunes.

Par ce projet d’écriture, Nina Almberg retrace un épisode de l’histoire de Mario Marret. Militant anarchiste, résistant, explorateur, engagé dans tous les combats de son époque, qui décide de construire, chez lui, à Rustrel, le bateau de la liberté. Ce bateau infirmerie était censé partir en Guinée-Bissau, dont les habitants luttent pour l’indépendance de leur pays. Or, une fois la construction du bateau terminée, nous sommes en 1972, l’indépendance est sur le point d’être gagnée, et Mario ne sait même pas si le bateau pourra flotter.

Intervention publique de Nina Almberg lors de son invitation à la Médiathèque Louis Aragon de Martigues.

Écouter ici (larges extraits) ▶︎▶︎


Édition La Marelle N°113 / La première chose que je peux vous dire…

SEPTEMBRE 2022 (Cycle Homelab)


Aurore SALOMON

Carnet d’impressions

Aurore SALOMON est notre première artiste à venir inscrire un début de corpus sur la vie au quotidien dans cet objet mobile et modulaire. Elle a choisi de remplir un carnet fait de différents dessins et aquarelles posant des moments de sa vie à bord et d’instants saisis en compagnie d’invités.
L’artiste saisi aussi les lumières du matin sur la ligne d’horizon de l’Étang de Berre en quelques aquarelles.

« La lumière fait l’image, dans le sens de la reproductibilité qu’autorise la lithographie ; images du barrage, des ciels, des façades. Elle est d’autant plus vibrante que la technique lithographique engendre, par les défauts de calages, des effets optiques puissant. Ceux-là mêmes qui furent exploités par les impressionnistes, les pointillistes et les alchimistes de la photographie holographique comme Man Ray ou Raymond Hains. Brouiller l’image pour mieux la voir. »
[…]

La nuit, Aurore continue ses parcours et ses saisies. La lumière est autre, plus dense, épaisse dans les noirs, fébrile dans les ombres. Saisir la nuit, peut-être les ténèbres, évoque les travaux d’Odilon Redon. Ici, le symbolisme ne se figure pas dans la représentation humaine ou animale, mais dessine un possible récit onirique. Aurore évoque une présence dans la simple et si prégnante possibilité, que le spectateur a de construire un récit porté, entres autres, par les rendus graphiques. »

Christian Garcelon, 2020
Christian Garcelon est historien de l’art, commissaire. Il enseigne à l’université et dans les écoles supérieures d’art.

Dessin ©Aurore Salomon
Dessin ©Aurore Salomon
Dessin ©Aurore Salomon
©Aurore Salomon 2022

Promenades PCPI 2022

Programme de promenades et trek


Gare de Croix-Sainte – Le Tétrodon – Martigues

Dimanche 3 avril

Pipelines et territoires.
Nous partons de la gare de Croix-sainte à Martigues. Cette balade nous emmène dans sa première partie du Chenal de Caronte et la friche Verminck*. Nous démarrons notre sujet en remontant le vallon du ‘Pauvre homme’ sur ce chemin des pipe-lines issue du complexe pétro-chimique de Lavéra. Qu’est ce qu’un pipe-line ? Que transporte-il et comment peux-on l’identifier ?  …Questions d’une actualité ‘brûlante’ avec pour en parler Philippe AUTRIC, économiste et artiste (projet SHORE).

Le pipe-line est un concept industriel formulé par Dmitri Mendeleïev, célèbre chimiste Russe. Dès le début il sert à transporter le pétrole et à la fin du XIXe siècle 1.800km sont déjà en exploitation et entre 1931 et 47 29.000km de réseaux sont construit aux States.
Puis dans les années 60 la demande de gaz augmente et voit arriver en Europe les premiers réseaux gazoduc.

On distingue ici deux types de pipelines allant de Lavera à Fos et au delà vers le nord.Ces pipes constituent l’essentiel des canalisations de flux afin de transporter en continue et sans manipulations quotidiennes trois grandes familles de matières dont deux sont fossiles : le pétrole et le gaz. La troisième étant la saumure qui sert à gérer ce pétrole et aussi aux l’industrie carbonée des sites de Fos, Lavera ou encore de Berre l’Étang

  • le gaz naturel ou combustible en bleu : transporté par gazoduc
  • les hydrocarbures liquides (pétrole, fioul, etc) en rouge : par oléoduc

Un troisième type de pipelines est présent abondamment ici parmi ces réseaux tout autour du Golfe de Fos :

  • l’eau salée ou saumâtre, appelée « saumure », dans des saumoducs

Une fois atteint le haut du vallon toujours au dessus de quatre lignes de pipes, nous bifurquons complètement sur notre gauche en traversant une zone boisée.

Nous cheminons ensuite sur une ligne de crête passant d’anciens bunker de la seconde guerre mondiale puis par la chapelle Notre-Dame des Marins, avant de redescendre sur la cité des trois tours, le Tétrodon de Martigues et comment cet objet peut se relier à la première partie de notre promenade par son histoire. Enfin retour sur le centre ville.

Les détails de cette balade sur la question des pipelines dans notre blog Sauf…(territoires)


Tétrodon – nord Martigues

Dimanche 27 février

Photos : C.Aguilera, C.Galatry, P.Piron

Une boucle de 12km partant du centre de Martigues jusqu’aux limites du parc de Figuerolles.

Nous renouons cette année avec plusieurs promenades Sauf…(territoires), dont quelques unes de celles-ci passeront par le Tétrodon de Martigues. Cette première balade à renouée avec des promenades faites en 2016 avec les limites nord de Martigues et ses quartiers résidentiels. Après la visite autour du Tétrodon, grande boucle dans ce parc de Figuerolles dans son côté très aménagé puis côté Étang de Berre plus nature boisée.

Tholon

Ancienne citée gallo-romaine ‘Maritima Avaticorum’, et ses traces encore visibles sur cette partie du GR3013, juste avant le Tétrodon et sa petite crique.

Le Tétrodon

Rappel historique de l’histoire de ce Tétrodon

Figuerolles

Nous remontons la colline du parc de Figuerolles, afin d’atteindre la zone historique sud-ouest de celui-ci.

La caractéristique de ce parc se tiens dans sa partie ouest avec plusieurs petites formes architecturales construites vers 1899 par le propriétaire des lieux de l’époque, une riche famille d’industriels du nord de la France, qui outre sa maison conçut tel un chalet, réalise ces ‘folies’ dans le plus pur style ‘rocaille’ en vogue à l’époque.

Le bassin rocaille et son jet d’eau

Nous nous posons pour un pique-nique tout près de cette aire de battage, lorsque la colline et cette partie du parc étaient occupées par éleveurs et agriculteurs.

Canto Perdrix

Retour au centre ville par le péri urbain et les quartiers nord construit dans cette période des années 60′ et 70′ afin de répondre à une double migration, d’une part aux besoins en personnels et travailleurs de la croissance économique et de la toute nouvelle zone industrialo-portuaire de Fos sur Mer, et accueillir des rapatriés venu d’Algérie à la fin de la colonisation.


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