Octobre 2023 et 2024 (Cycle Homelab)


Esther SALMONA

Résidence 19 au 27 octobre 2024

Quant à la lumière,

Le fait de revenir à la même période un an après, d’avoir une familiarité avec le lieu, a permis de reprendre les recherches et de les approfondir, de les affiner. Toutes les pratiques avancent de concert, se font échos, travaillent ensemble. Quelque chose se dessine toujours en lien avec ce qu’est la lumière et comment le Tétrodon, boîte aux ouvertures multiples, provoque et augmente le paysage duquel il fait partie, révélant sa nature d’objet qui articule plusieurs champs, en plus d’être une structure architecturale remarquable. »

Durant ces huit jours  il a été suivi plusieurs fils.
1 ) Avancée de la transformation du Tétrodon en camera obscura (qui avait commencé avec Viser en octobre 2023) : multiplication des orifices, jeu entre les orifices de la structure même et ceux ouverts dans les surfaces occultantes.
2) Images et vidéos des projections créées par ces orifices, soit sur surface mobile, soit sur les parois du Tétrodon même.
3) Continuation de la série « bouteille et lego » sur la terrasse en bois le matin sous forme de triptyques quotidien (Polaroïds).
4) Exploration des images prises à travers des filtres en verre (iphone et Polaroïds).
5) Travail de prise de vues en pola noir et blanc d’éléments agencés avec la structure du Tétrodon en extérieur.
5) Écriture d’un texte sur machine à écrire, en lien avec les phénomènes perçus tout le long de la semaine.
6) Travail sur le son avec la transmission en direct par streaming, de manière aléatoire dans la semaine (sons extérieurs et intérieurs au Tétrodon), avec un moment de performance / lecture le dimanche 27 durant une heure. 

2) structure et images et images et vidéos des projections créées par ces orifices, soit sur surface mobile, soit sur les parois du Tétrodon même.

_à l’arrière

©Esther Salmona 2024

_ en face

_grande vitre

©Esther Salmona 2024

3) Continuation de la série « bouteille et lego » sur la terrasse en bois le matin sous forme de triptyques quotidien (Polaroïds).

4) Exploration des images prises à travers des filtres en verre (iphone et Polaroïds).

5) Écriture d’un texte sur machine à écrire, en lien avec les phénomènes perçus tout le long de la semaine.

©Esther Salmona 2024


Résidence 11 au 25 octobre 2023

VISER
Le Tétrodon, module à destination de logement ouvrier se déplace, se transforme, fait peau neuve. Entre prototype et lieu d’expérimentation, la bascule s’opère.
VISER propose de faire du Tétrodon un appareil à vues, une machine optique, une lunette de visée, une camera obscura, un sténopé échelle 1/1.
À partir du module, de son espace intérieur, comment projeter le regard vers l’extérieur et inviter le paysage à l’intérieur. Qu’est-ce qui se joue à l’endroit même des ouvertures, avec le jeu et de déplacement des ombres et lumières, les projections, les reflets…
Une tension de surface, une membrane fait filtre, tamis, entre l’espace intérieur et l’espace extérieur : le paysage rentre, le regard sort. Autant de cadrages à inventer dans le mouvement du corps. Chaque espace, et partant chaque moment, chaque durée, peut devenir poste d’observation, de guet, d’affût, de lenteur.
Être dedans et regarder le dehors à partir de l’espace intérieur du Tétrodon. Viser.
Aussi, faire du module Tétrodon un point central, un axe, un moyeu, un pivot autour et à partir duquel circuler, explorer, tirer des lignes, parcourir les chemins possible, l’avoir toujours à vue, pour en faire apparaître le bassin versant. Le Tétrodon, un thalweg ?
Ces deux mouvement, en apparence opposés et symétriques, risquent, en faisant du Tétrodon leur cheville ouvrière, de renverser le paysage.

Atelier : repérage du BV (bassin versant). Milieu du temps de résidence.
Restitution : traverser le Tétrodon. Dernier jour de résidence.
Traces : un carnet des fenêtres. Une semaine après la résidence.

Installation dans le Tétrodon de l’artiste (©Esther Salmona)

Esther SALMONA est poétrice. Elle écrit sur ce que fait la perception au langage et à l’écriture. En avançant à partir du visage, de la voix, du corps, du paysage, des images, de leurs écarts, leurs silences ; à partir d’un je qui n’en est pas un, se déplaçant sans cesse : ajustements, focales, flous, précision, plans successifs, traversées par la bande. Parmi ses outils, filtres, leviers : la transduction, l’évidance1, la spectroralité2. Ses activités, ateliers, pratiques sonores et d’image, publications en revue papier et numériques 3, dans des ouvrages collectifs et de livres (Quads, les éditions précipitées 2012, Amenées, Éric Pesty éditeur, 2017) témoignent de cette recherche.
Elle enseigne à l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles depuis 2007 et organise des ateliers d’écriture en déplacement, dans des cadres et avec des publics hétérogènes.

1 https://remue.net/Esther-Salmona-evidance
2 https://spectroralites.blogspot.com
3 RoTor, KaZak, Revue Laura, D’ici là, Les cahiers de Benjy, Fond Commun, CCP, 17 secondes, fig., SILLO, Ce qui secret, PLI, l’Air Nu, Teste, Muscle, Chimères, C.O.I., Nioques…

Projet en cours :
PZ, station mobile d’écriture d’écoute, avec Acoustic Commons et
Locus Sonus.

Des mots et des sons, émission de juin 2021 sur Fréquence Mistral.
Article de Céline Minard sur Amenées dans Le Monde des Livres,
novembre 2017.

Fiche Esther Salmona, sur le site du cipM.

Le blog d’Esther Salmona à l’issue de sa résidence :
Quant à la lumière,


Aurore Salomon Brigitte Palaggi Camille Goujon Christopher Alexander du marais à l'acier Emilie Allais Esther Salmona Fabrice Frigout homelab Jeff Silva Martigues Mike Bullock Nicolas Memain Nicolas Mémain Nina Almberg Olivier Domerg Pauliina Salminen photographie Plastigo projet artistique promenades PCPI Sibylle Duboc Souad Mani stefan Heichhorn Trek tétrodon Virginie Rochetti Yann Madé ZIF

SEPTEMBRE 2023 et JUIN 2024 (Cycle Du marais à l’acier…et après?)


Sibylle DUBOC
Résidence 29 Juin au 8 juillet 2024

Paysage archéo-géologique de l’Étang de Berre

Démarche

Le travail que j’ai réalisé début juin dans le Tétrodon fait suite à ma recherche de 2023 où j’avais “étudié” le paysage de l’étang dans sa dimension archéo-géologique. Mon travail avait consisté à relever sur les sites archéologiques (Oppidum d’Escourillon, site de Tholon) ce qui constituait la matérialité du paysage. Je souhaitais trouver une manière de le définir sous un prisme hylémorphique, soit dans le rapport que ses matières entretiennent avec ses formes. Les créations qui en ont découlé mélangeaient le naturel avec l’artificiel, l’organique avec le pétrochimique. C’était une exploration du lien entre la géologie et la trace archéologique qui interrogeait la présence ou non de stigmates de l’homme sur le paysage dans sa dimension visible (cyanotypes des complexes industriels) et invisible (microscope), et mettant en exergue des échantillons notamment de pierres de remblai en forme de silex, qui brouillaient les frontière du paysage anthropique, entre présent et passé.

Le résultat était donc une composition d’éléments hétéroclites : il y avait un échantillon (une matière), une microphotographie et un paysage graphique (cyanotype). Ils étaient assemblés pour des rapports plastiques et visuels, dépourvus de rigueur scientifique, mais dont la mise en page les faisaient ressembler à des planches d’étude de naturaliste.

Pour cette nouvelle année, j’ai souhaité poursuivre ma recherche, en partant des résultats de ma résidence précédente, afin de questionner ce que ces représentations de pollution ou de nature font à notre esprit, comment elles façonnent notre imaginaire et déterminent notre rapport à l’espace et au temps.

Cette recherche m’a donc amenée à fabriquer un objet archéologique imaginaire, mais qui dévoile un paysage anthropique réel.

Une carte composite des pipelines d’hydrocarbures des communes autour de l’Étang de Berre.

Chaque tomette est une sculpture qui renvoie à une réalité industrielle, les pipelines sont issus de données urbanistiques réelles, mais leur assemblage crée une nouvelle cartographie imaginaire.

Ces données sont récoltées dans des rapports publiés par les collectivités, notamment le département des Bouches du Rhône et la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), mais aussi par Géosel, société française spécialisée dans le stockage souterrain d’hydrocarbures.  

Processus :

Modelage d’argile blanche auto-durcissante. Ponçage.

Les communes :

  • Fos-sur-Mer
  • Martigues
  • Saint Chamas
  • Istres
  • Fos-sur-Mer x2
  • Marignane
  • Berre l’Étang
  • Chateauneuf-les-Martigues
  • Saint Mitre les Remparts
  • Port-de-Bouc

Résultat :

On retrouve comme dans ma résidence précédente le rapport au composite, à savoir des pièces individuelles qui existent à la fois de manière singulière mais aussi en assemblage avec d’autres. Chaque tomette est une commune de l’Étang de Berre à part entière, mais elle peuvent s’assembler pour former une nouvelle cartographie.

Cette pièce cherche à créer un rapport entre le sol et le souterrain. L’idée est d’imaginer un sol qui nous cartographie ce qui se cache sous lui, ce qui est enterré sous sa surface.

Puisque le sol c’est ce sur quoi on marche, c’est une temporalité qui appartient au présent, tandis que le souterrain appartient au passé. Il enfouit les temps antérieurs, particulièrement dans ces terres longtemps occupées par des civilisations aujourd’hui disparues, à savoir les peuples salyens (dits gaulois) puis les romains.

L’archéologie est une science humaine qui part du postulat que ce qui est sous terre contient les vérités du passé, et que les faire ressurgir ainsi par la fouille permet de déterrer l’histoire de nos sociétés humaines.

Là ce ne sont pas des objets archéologiques qui se cachent sous terre, mais les rouages de notre système industriel actuel. Cette démarche permet de renvoyer l’industrialisation de l’Etang de Berre comme étant un objet à analyser scientifiquement sous un prisme archéologique. C’est-à-dire, comme élément qui nous permet d’analyser non pas une civilisation disparue, mais bien notre monde contemporain. C’est en quelque sorte la suggestion d’une archéologie du présent.

La forme de la tomette elle-même renvoie à l’histoire du territoire provençal, sachant que si elle existait déjà dans les intérieurs provençaux bourgeois au XVIIe, c’est l’industrialisation qui a réduit son coût de fabrication, entraînant au XIXe d’essor de la tomette, c’est donc aussi un objet qui est lié à l’histoire de notre société industrielle.

Enfin, le fait de cartographier un réseau souterrain permet de remonter à la surface ce qui est invisible, de faire surgir une nouvelle manière d’appréhender et de penser son territoire. On peut identifier les zones industrielles comme étant très localisées géographiquement (La Mède, les usines du Fos et de Berre l’Etang sont très visibles) lorsqu’elles ne sont que la partie émergée d’un vaste iceberg qui s’étend sous nos pieds sur toutes les communes autour de l’Étang.

Puisque je me suis intéressée au rapport matériel du paysage, puis à son souterrain, sous des prismes qui mélangeaient réalité industrielle et imaginaire composite, j’aimerais que cette recherche puisse trouver une postérité dans l’évolution de son rapport à l’imaginaire collectif. En effet, cette évolution se situerait dans l’approfondissement de la dualité entre la pollution de l’environnement par l’activité industrielle et, disons, la contamination collective de nos esprits imaginatifs, afin d’inventer une archéologique non plus du présent, mais du futur. Donc peut-être quelque chose qui tirerait encore plus les ficelles de la fiction ou de la narration.

Mais ce sera pour une nouvelle aventure, en attendant je vous remercie pour votre écoute attentive, n’hésitez pas à regarder les tomettes de pipelines (qui sont où ?), et je reste disponible si vous avez la moindre question.


Résidence 18 au 29 septembre 2023

“Les fossiles pétro-chimiques du site d’Étang de Berre une archéologie à rebours”


Relevés au microscope de matières de la zone autour du site du Tholon mélangés avec des vues aériennes de la zone de l’Etang de Berre, images finales tirées à l’argentique dans le Tétrodon.
Le Tétrodon devient alors le laboratoire d’apparition des images réalisées durant la résidence. Une restitution de ces recherches se propose d’être exposée, constituée d’un mélange de photographies qui mettront en exergue la pollution chimique des eaux et du sol, ainsi que ses répercussions sur l’écosystème local.

Les outils de Sibylle, ordinateur, microscope mobile,
cuvette révélateur, pinceau et calques.
Intervention de Sibylle DUBOC lors de la Tête du Tétrodon le 14 octobre

Sibylle DUBOC est une artiste plasticienne diplômée en 2018 d’un Master pratique et théorie des arts-plastiques de l’Université ALLSH d’Aix-Marseille. Sa pratique mélange expérimentations photographiques et sculpture, elle travaille sur le lien entre l’image virtuelle, l’archéologie et l’Anthropocène. Elle mène depuis plusieurs années un projet autour des Fossiles photographiques dont la démarche s’appuie sur une fabrication artisanale des images à partir de photographies numériques, nous conduisant à reconsidérer notre rapport au visible et à notre perception spatio-temporelle du monde sensible.
Elle a réalisé sa première exposition personnelle à la galerie Catherine Bastide Projects en septembre 2019 et a participé à de nombreuses expositions collectives à Marseille et dans sa métropole.



Aurore Salomon Brigitte Palaggi Camille Goujon Christopher Alexander du marais à l'acier Emilie Allais Esther Salmona Fabrice Frigout homelab Jeff Silva Martigues Mike Bullock Nicolas Memain Nicolas Mémain Nina Almberg Olivier Domerg Pauliina Salminen photographie Plastigo projet artistique promenades PCPI Sibylle Duboc Souad Mani stefan Heichhorn Trek tétrodon Virginie Rochetti Yann Madé ZIF