Le Tétrodon, un objet phare et mémoriel

Dessiné par l’agence AUA : Jacques Berce, Henri Ciriani avec Michel Corajoud, Borja Huidobro, Georges Loiseau, Annie Tribel et Jean Tribel, AUA 1969-1972, dans le cadre d’un Programme d’Architecture Nouvelle (PAN) pour l’aménagement touristique de la côte d’Aquitaine, le Tétrodon est un habitat de loisir économique en plastique, basé sur une peau en polyester soufflé sur une structure métallique de container.

Il a été construit et commercialisé par la Société Barbot charpentes métalliques de 1972 à 1976. Le choc pétrolier mettra fin à sa production. Entre ces deux dates il a reçu différentes commandes dont celle de Fos-sur-Mer de la part de la Sonacotra afin d’accueillir sur des bases-vie les ouvriers du chantier de construction du complexe sidérurgique Solmer.


Avec la Ville de Martigues, l’association PCPI propose un programme de résidences artistiques dans le Tétrodon, de sensibilisation patrimoniale, et des promenades autour de
celui-ci.


DÉCRIRE, RESTAURER.

Le Tétrodon se présente sous la forme d’un conteneur de trente pieds (913,5 x 243,6 x 258,8cm), équipé d’un coque sanitaire, d’une coque cuisinette, de trois coques couchage, et de quatre coques rangements, à quoi s’ajoutent trois portes à jour vitré ainsi que deux panneaux plans : une fenêtre coulissante et un panneau plein.
Plancher et plafond sont dans un état médiocre, certaines coques sont endommagées, dont une percée pour l’installation d’un climatiseur. Un réseau de quatre tirants articulés sur un poinçon semble avoir été ajouté afin de raidir le plancher. L’intérieur est passablement défraîchi. Les sanitaires ont leurs équipements en état moyen, et les cloisons menuisées sont endommagées. La cuisinette paraît avoir été transformée avec un plaque cuisson 4 feux, les portes de placard, et les étagères sont en mauvais état. Les rangements sont en assez bon état, les portes sont à réviser. L’état des couchages est passable, sauf pour l’inclusion du climatiseur. Les hublots sont en état divers. Enfin les portes et fenêtres ont été doublés de grilles de défense. L’électricité, la plomberie sont quasi hors d’usage.
En première approche la restauration pose peu de problème technique, seulement quelques énigmes, mais il convient de récupérer les documents d’exécution qui existent, de manière à retrouver le sens formel de l’ensemble. Cette phase de recherche documentaire est en cours qui rencontre des témoignages d’un grand intérêt pour l’étude philologique de la restauration.

Thierry Durousseau architecte. Novembre 2011

 

Petit historique de sa rénovation depuis 2011

Depuis sa redécouverte par l’architecte Thierry Durousseau en 2011, l’association ‘par ce passage, infranchi’ s’est lancée dans l’aventure de ce Tétrodon de 30pieds de Fos-sur-Mer, certainement le dernier de cette dimension et de cette commande initiale de la Sonacotra
de 35 de ces objets modulaires pour loger les travailleurs construisant le port autonome en 1972. Une restauration et un projet artistique et culturel afin qu’il puisse revivre et revenir à
sa fonction initiale d’habitat. Dans un premier temps il est transporté et stocké par la société Mediaco à Fos-sur-Mer. Photographié par Philippe Piron, son existence commence à faire parler d’elle. Un an plus tard il est labellisé patrimoine XXe siècle par la Drac Paca.

En 2014 la société A-Corros, basé à Arles en expertise la structure, l’architecte Olivier Bedu établi un relevé précis des coques, une demande de subvention est déposé au Conseil Général des Bouches-du-Rhône qui s’engage à hauteur de la moitié des travaux à entreprendre.
La Fondation du Patrimoine soutien l’opération de recherche de financements auprès
d’entreprises et de mécènes privés et lance une souscription populaire. La communauté de communes offre un terrain afin d’y conduire les travaux et le 30 décembre l’entreprise Arts-transport & services Garrone, basé à Martigues, en assure le transfert jusqu’à cette ancienne base vie construite elle aussi dans ces années 1970 par l’architecte du Port Autonome, Gaston Jaubert.

En 2018, nous réunissons une somme qui permet le démarrage effectif des travaux de restauration. Grace notamment aux dons et à un soutien décisif de la société Fluxel, la ville de Martigues s’engage à recevoir l’objet à l’issue de sa rénovation. La maîtrise d’œuvre est confiée à l’architecte Olivier Bedu.

Octobre 2019, restauration abouti, le Tétrodon est installé sur les rives de l’Étang de Berre, le long du GR2013, sur la base de voile municipale et proche du site de Tholon.

Le 12 avril 2021, la ville de Martigues en devient le propriétaire officiel.

Site de l’association : www.passage-infranchi.org

Intervention de Thierry Durousseau autour du Tétrodon en 2015 :